Il y a 6 mois je me lançais dans cette aventure tête baissée : naviguer en solo dans 6 mois ?
Il y a 6 mois je me lançais dans cette aventure tête baissée, “naviguer en solo dans 6 mois ? Ouais, ok … pas de problème !” Puis les 6 mois sont passés : j’ai navigué avec mes collègues pour le fun, ils m’ont donné des petits cours improvisés, je suis partie en croisière, j’ai fais un entrainement à la régate, ... Et j’ai enfin réalisé, il va falloir que je sois seule sans personne pour rattraper mes boulettes ou m’aider à bord !
Tout le monde m’en parlait et me questionnait “c’est quand ?”, “tu vas faire quoi ?”, “tu seras seule pour de vrai ?” et je restais plutôt muette face à leurs questions, moins j’en disais moins je me mouillais !
Préparer le bateau ce n’est pas un problème, surtout notre bon vieux Figaro que j’ai fini par connaître par coeur ! Puis Pierre est arrivé, beaucoup plus enjoué et confiant que moi. Pour me rassurer je lui posais des questions auxquelles il ne répondait pas … je suis partie du principe que si je faisais une grosse bêtise il réagirait tout de même !
- “Le vent est très faible et arrive de là bas (au travers) du coup je pensais hisser la grand voile, défaire l’amarre avant et puis défaire celle de derrière pour pousser.”
- “Comme tu veux.”
Un comme tu veux c’est un peu un oui … Donc j’ai démarré du ponton comme ça !
J’ai décidé de hisser mes voiles avant même d’arriver dans le chenal à mon rythme après 187 tours de winch (quand on a pas de bras, on se débrouille autrement) … Seulement sortir du chenal à la voile, au près, quand il y a peu de vent ce n’est pas très rapide ! Pierre m’a bien titillé, en train de bronzer sur l’étrave à me demander : “Anaïs, on peut aller plus vite ?” NON !
J’enchaîne les virements de bord dans le chenal : à genou au milieu du carré, je vire ma barre, attends que le genois passe au milieu, je choque d’un côté et reprends de l’autre, enfin je reprends ma barre. Ouf, ça va la leçon est retenue et avec le vent qui est faible je n’ai pas de mal à effectuer les virements. J’arrive à être posée, régler mes voiles, avancer malgré le vent faible, mettre le pilote automatique pour profiter tranquillement … pendant que Pierro se promène sur le bateau, essaie de m’embêter et disparaît dans le cockpit du Figaro.
“IL A SAUTÉ LE C**” … J’aurais du le voir venir, ressorti avec une combinaison sèche Pierro m’abandonne à mon sort et saute du Figaro pour partir sur le zodiac. Après avoir prononcé quelques injures je reprends mes esprits : l’aventure solo commence ici.
Livrée à moi-même sur le bateau j’ai un petit coup de panique … qui ne dure pas longtemps vu l’intensité du vent qui ne fait que baisser ! J’essaie tout de même de faire quelque chose, réfléchir d’où vient le vent mais ma girouette fait des tours et mes voiles sont toutes molles. Je continue, j’ai de faux espoirs et je finis par perdre patience. Vous aviez remarqué que j’ai une petite tendance râleuse ? Cette vidéo c’est l’occasion de me voir à l’oeuvre !
Il y a pétole, de chez pétole mais heureusement les garçons se rapprochent en zodiac et me confirment qu’il n’y a pas grand chose à faire à part mettre le moteur et partir plus loin, dans une zone moins abritée pour trouver du vent.
Voilà qui me fait dire que si le vent ne vient pas à toi, il faut aller au vent ! Quel soulagement de retrouver du vent, je râtes deux virements et le bateau revire direct … Non, je n’allais pas tout réussir du premier coup non plus !
Enfin, j’arrive à rattraper tout ça et je me concentre sur un cap, ça me permet de ne pas me perdre dans l’espace car c’est ce qui me fait défaut en voile : j’arrive techniquement à savoir d’où vient le vent, mon allure, manoeuvrer mais je vais avoir tendance à me perdre un peu lors d’une manoeuvre donc prendre un cap avant de virer m’aide.
Il y a tout de même une petite dame qui est toujours avec moi sur ce bateau, Lucie m’accompagne depuis le début et filme de manière plus ou moins discrète quand elle ne glisse pas sur le pont ! Même si elle ne fait rien à part filmer, sa présence me rassure mais ça ne va pas durer. Pour faire des plans hors du bateau, elle aussi monte sur le zodiac et c’est là que l’aventure commence réellement !
J’avais très peur de me retrouver seule pour de vrai, sans une présence à côté, quelqu’un à qui je pouvais parler et pourtant, c’est à ce moment là que j’ai commencé à vivre un truc incroyable. Ils se sont éloignés et je n’ai plus pensé à rien, rien du tout. Il y avait l’océan, le vent, le bateau et mon cap. C’est indescriptible et si personnel ce qu’on peut ressentir, entre fierté et liberté absolue, ce moment là restera gravé à jamais. Je me revois regarder autour de moi pour admirer les Deux Jumeaux et la Grande Plage de Hendaye tout en me répétant, “tu y es ma grande” ! Toutes les peurs que j’avais se sont apaisées, c’était le calme absolu. J’étais tellement dans ma bulle que quand Lucie est remontée à bord j’ai craqué, si fière et heureuse d’avoir réussie, toute la pression est redescendu. Je l’ai fait. C’est dans la boîte.
Le retour dans le chenal s’est fait calmement et une partie de mes collègues étaient là pour me féliciter à l’arrivée tous curieux de savoir comment ça s’était passé. Merci à eux tous, merci à tous ceux qui se sont investis dans mon apprentissage, merci à Julien d’avoir cru en moi, à Pierre de m’avoir challengé et soutenue, à Lucie d’avoir filmé tous les épisodes et de m’avoir fait confiance pour le dernier, merci à toute l’équipe Tribord pour son soutien et sa bonne humeur.